McGill en français

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Visages mcgillois – Quelques témoignages de nos profs de français

Entre histoire de cœur, d’amour, de hasard et de passion, les professeur.e.s de français de McGill se dévoilent avec rires, émotions et souvenirs. Découvrez-les sous un autre aspect que derrière leur bureau!

 

 

 

 

 

 

Une histoire de cœur

L’enseignement, c’est avant tout une histoire de cœur. Prof passionnée depuis plus de 26 ans, l’hiver 2020 marquera, en ce qui me concerne, vingt et un ans d’enseignement au sein de l’École d’éducation permanente de McGill.

Au fil des années, de nombreuses approches et techniques d’apprentissage se sont succédé, les publics se sont transformés (flux migratoires, changements générationnels, vies professionnelles en mutation) et les besoins, entre autres technologiques, ont également grandement évolués. Il reste que l’apprenant est toujours au centre de nos préoccupations et que l’essentiel demeure : comment transmettre efficacement des savoirs, linguistiques certes mais également culturels, dans un environnement stimulant et ludique qui favorise l’apprentissage.

Pour ce faire, il est primordial de se questionner sur ce qui fait de nous un bon éducateur lorsqu’on se retrouve devant nos apprenants, pas seulement un expert dans son domaine mais un pédagogue, qui sait reconnaitre les besoins et la diversité de tout un chacun et s’adapter, qui démontre de l’empathie et de l’écoute mais surtout beaucoup de respect.

Même après toutes ces années, le besoin de me renouveler constamment et la passion du métier sont toujours là et la découverte de l’autre reste l’un des plus beaux cadeaux de notre profession.

Manon Gadbois (École d’éducation permanente)
 
 

Rire en français

Enseigner n’est pas toujours passionnant !

Il y a les évaluations, les corrections, la discipline, les caractères, les humeurs et les personnalités à gérer.

Mais enseigner peut-être un véritable bonheur. Il ne s’agit pas seulement de transmettre un savoir ; n’importe quel ordinateur, n’importe quelle application peut le faire. Il s’agit du contact avec l’autre et le groupe.

Instaurer l’harmonie, tisser une belle énergie dans la classe est tout un art : amener mes étudiants en douceur vers ces moments où l’apprentissage d’une langue (je suis spécialisée dans la Compréhension orale) n’est plus un obstacle mais le moyen de s’exprimer, de l’accompagner dans ce cheminement, de le voir avancer, d’oser délaisser ses peurs pour s’immerger dans cette langue nouvelle est une véritable réussite, pour moi.

Je ne suis pas sûre que cela s’enseigne, car au-delà des techniques pédagogiques et des contraintes académiques, il y a un savoir-faire qui s’acquiert avec le temps, une expérience intuitive qui se met en place sans compter ce que vous êtes ; cela fait souvent la différence.

Quoiqu’il en soit, arriver à voir rire un étudiant -non francophone- suite à des jeux de mots en français, voilà une de mes plus belles victoires!

Binéka Danièle Lissouba (École d’éducation permanente)
 
 

Mon métier, ma passion, ma vie

Je pourrais vous parler de tellement de choses quand je pense à mon métier : le plaisir de rencontrer des étudiants venant des quatre coins du monde, la joie de voir la lueur dans leurs yeux quand ils comprennent un concept grammatical difficile ou encore l’émotion de ma première rencontre avec elles et avec eux le premier jour.

Mais en fait, je ne pourrais évoquer ma passion sans vous évoquer celle qui en est la cause : ma grand-mère. Ma grand-mère a passé sa vie, littéralement, à l’école, puisque, abandonnée dans un orphelinat à 3 ans et n’ayant jamais trouvé de famille, elle y demeura pour devenir, à sa majorité, éducatrice scolaire.

Elle m’a fait découvrir les mots, les sons et la langue au travers d’histoires qu’elle inventait et dont j’étais l’héroïne. Elle me racontait que les lettres du dictionnaire sortaient la nuit pour vivre de fantastiques aventures, car le jour, elles étaient prisonnières de leur définition. Dès lors, elle m’a fait naitre cette passion indescriptible des mots et de leur transmission. Elle vous aurait d’ailleurs dit que j’ai appris à lire en la regardant jouer au Scrabble et, qu’à 3 ans, je lui demandais déjà : « mamie, est-ce que je peux jouer au petit crabe », la prononciation de ce jeu étant encore bien difficile pour moi à cet âge.

Elle ne m’aura, malheureusement, jamais vue devenir professeure de français, mais je sais qu’elle en aurait été particulièrement fière. Elle m’aurait traitée passionnément de « tricheuse » lors de nos parties de Scrabble, prétextant qu’avec mon métier, c’est normal de gagner. À chaque rentrée, je pense à elle, à tout l’amour qu’elle m’a donné mais surtout à cette magnifique passion qu’elle m’a insufflée.

Julie Bramond (École d’éducation permanente)
 
 

Une histoire d’amour

Au sens propre et au sens figuré.

En effet, si c’est bien une histoire d’amour qui m’a fait venir au Québec la première fois, c’est par hasard que je me suis retrouvée à enseigner le français à des fonctionnaires de la fonction publique à Ottawa, et c’est par hasard que je suis tombée amoureuse de ce métier.

On dit que l’amour dure deux ans. Ou peut-être trois. Je ne sais plus. En tout cas, si cela a bien commencé, la première histoire d’amour s’est finalement arrêtée, l’autre dure depuis presque dix ans. Et comme vous le savez sûrement, dans toute histoire d’amour, il y a des hauts et des bas.

Il y a ces moments de doute, d’incertitude, de frustration, de remise en question, ces moments où on se demande si on a pris la bonne décision, si on est à la bonne place, si on est fait pour ça. Où on se demande si on ne va pas juste claquer la porte et aller voir ailleurs.

Et puis, il y a le revers de la médaille …

Il y a tous ces autres moments, heureusement bien plus nombreux, ceux remplis de complicité, de rire, de réussite, de fierté, d’accomplissement, de partages et d’enrichissement. Ces moments précieux où on a fait la différence dans l’apprentissage d’un étudiant. Ces moments où des étudiants nous ont permis d’en apprendre tellement, que ce soit sur nous-même, sur l’autre, sur comment se réinventer chaque jour, pour continuer à garder un intérêt.

Pour moi, ce sont tous ces moments qui expliquent que dix ans plus tard, l’histoire d’amour continue.

Samantha Damay (Centre d’enseignement du français)
 
 

Avant tout des rencontres

Prendre la parole sur ma vocation de professeure représente un défi à l’occasion du Jour du prof de français. En effet, qu’apporter de nouveau sans rappeler toutes les évidences de cette profession-vocation, qu’on dit sacerdoce même ? Prof de langue, passeur de savoir, de culture, prof facilitateur… La liste est longue. Pour ma part, le dénominateur commun est sans aucun doute le plaisir de la rencontre de l’autre – l’étudiant.e – couplé au besoin de me dépasser dans un contexte universitaire mcgillois, qui pousse à aller toujours plus loin, entre autres dans l’accompagnement des étudiant.e.s. En bref, adopter cette perspective m’assure que chaque rencontre, chaque interaction est différente, unique.

Mais tout cela est trop sérieux. L’humour est une qualité essentielle dans cette profession. Aussi permettez-moi de conclure mes propos avec le monologue d’Otis, dans Astérix & Obélix – Mission Cléopâtre, film à l’humour franchement décalé, mais en l’occurrence profondément humain :

« Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. […] Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… […]. Et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie… Je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent : « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? » Eh bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre […], à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi… »

Marion Vergues (Centre d’enseignement du français)
 
 

Parcours d’une doyenne

Il y a 33 ans et demi, au printemps 1986, j’étais une jeune maman de deux jeunes enfants et je venais d’apprendre que la session intensive de français langue seconde à l’UdeM, où je travaillais depuis deux ans comme chargée de cours, venait d’être annulée.

Un peu stressée, je traînais avec moi non seulement mes bébés, mais aussi quelques copies de mon CV. Un jour, en me promenant sur le campus de McGill où mon mari faisait son doctorat, je suis tombée sur une annonce de l’Éducation permanente: enseignants de français recherchés.

J’ai déposé mon CV, eu à peine le temps de rentrer chez moi et le soir même, j’ai été convoquée à une entrevue pour… le lendemain. Et je n’étais plus stressée, car la première classe de niveau 5 à la session intensive d’été (SIF) m’attendait.

C’est comme ça que ma longue aventure de chargée de cours à McGill commença.

Au cours des années, dans notre programme, il y a eu plusieurs changements, certains bouleversements même, plusieurs collègues se sont joints à l’équipe, d’autres sont partis, plusieurs enfants sont nés, les plus vieux ont déjà leurs propres enfants et le cours intensif de français est toujours là! Pourquoi? Parce que nous, les profs de français, adorons notre travail et continuons à le faire malgré toutes sortes de difficultés, malgré les étudiants parfois difficiles, malgré les ordis qui tombent en panne, malgré les photocopieuses qui ne fonctionnent pas, malgré les tableaux verts à l’ère de technologie extra sophistiquée et malgré le métro qui s’arrête quand nous devons arriver plus tôt en classe.

À 19 ans, j’étais prête à entrer en médecine; à la dernière minute, j’ai changé d’idée et j’ai décidé d’étudier en philologie romane. Je pense que ce jour-là, j’ai pris la meilleure décision de ma vie : je suis devenue prof de français. Je me considère comme chanceuse d’exercer le métier que j’adore et je me dis que, finalement, je suis devenue un peu médecin. Sauf qu’au lieu de prescrire des antibiotiques et autres médicaments forts qui ne font pas effet, j’essaie, comme vous tous d’ailleurs, d’administrer une médecine douce, qui marche, car les étudiants sortent de mes cours en parlant mieux la plus belle langue du monde, le français!

Marguerite Kumor (École d’éducation permanente)

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